Situé à Bullion, le Conservatoire de l'abeille noire d'Île-de-France (CANIF) est une association dédiée à la préservation et au développement de l'abeille noire d’Île-de-France, une race native d'abeilles de la région réputée pour sa résistance aux conditions climatiques locales. Entretien avec Sébastien Grangeon, son président.

Depuis quand le CANIF existe-t-il ? Quel est le contexte de sa création ?

Le Conservatoire de l'abeille noire d'Île-de-France (CANIF) a été créé en 2009 autour de Lionel Garnery, chercheur au CNRS et spécialiste reconnu de la génétique de l’abeille noire. Cette association rassemble une cinquantaine de membres, principalement des apiculteurs. Ils ont installé près de 300 ruches dans un rayon de 3 kilomètres avec pour objectif d’augmenter la densité d’abeilles noires mâles capables de féconder les abeilles femelles présentes dans la région.

 

Quelle espèce d’abeilles le CANIF cherche-t-il à protéger et pourquoi ?

Le CANIF protège l’abeille noire, connue sous le nom scientifique Apis mellifera mellifera. Cette espèce se distingue par ses caractéristiques génétiques, comportementales et morphologiques différentes des autres types d’abeilles. Présente depuis des siècles en Île-de-France, l’abeille noire est particulièrement bien adaptée aux conditions climatiques et environnementales de la région. Elle se reconnaît à sa coloration foncée, allant du brun au noir, ce qui en fait une race distinctive et précieuse. Elle produit du miel et vit en colonies.

Les abeilles noires sont menacées par l’introduction d’abeilles importées. Notre objectif est de créer des zones protégées pour préserver cette espèce. Bien que l’abeille noire soit plus difficile à élever en raison de son caractère plus réactif comparé aux abeilles importées, elle est pourtant mieux adaptée pour résister aux pénuries de ressources.

Quels sont les principaux facteurs environnementaux qui menacent les abeilles noires d’Île-de-France ?

Divers facteurs successifs menacent l’épanouissement serein des abeilles : l’arrivée des monocultures dans les années 80 ainsi que l’introduction des pesticides et l’arrivée par importation du varroa (un acarien parasite), l’introduction des néonicotinoïdes (insecticides) dans les années 2000 et l’arrivée des frelons asiatiques, gros prédateur des abeilles, en 2008. Le dérèglement climatique joue également un rôle important : les saisons sont moins marquées, ce qui entraîne des épisodes de famine obligeant les reines à réduire leurs pontes pour conserver suffisamment de nourriture pour la colonie.

Quelles ont les principales activités du CANIF ? Comment le CANIF sensibilise-t-il le public aux enjeux de la préservation de l’abeille noire ?

Nous proposons des formations pour ceux qui souhaitent se lancer dans l'apiculture, avec une partie théorique en hiver et une partie pratique dès que les conditions le permettent, généralement en mars ou avril. Les futurs apiculteurs bénéficient d'une expérience complète sur une saison entière.

Nous faisons partie de la Fédération européenne des conservatoires d'abeilles noires, avec laquelle nous luttons pour souligner l'importance de préserver cette espèce.

De plus, nous avons signé une convention avec Rambouillet Territoires pour participer aux Journées du développement durable (accueil de classes et animations lors des journées tout public) et pour intervenir dans les écoles du territoire à leur demande. Nous collaborons également avec d'autres communes pour participer aux événements liés au développement durable ou à la nature (Rambouillet, Sainte-Mesme, Cernay-la-Ville, etc.). Le CANIF organise aussi des activités auprès des associations.

Enfin, nous avons un partenariat avec le Parc naturel régional de la Haute-Vallée de Chevreuse et nous projetons d'établir un point d'accueil consacré à l'abeille noire à la maison des Hauts Besnières à La Celle-les-Bordes.

Quel message aimeriez-vous transmettre au grand public sur la manière dont chacun peut contribuer à leur préservation ?

L’action de chacun peut être significative. Il est important de préserver les abeilles locales pour freiner l’introgression* et de les aider en augmentant les ressources disponibles. Cela peut se faire en végétalisant les haies avec des plantes comme le chèvrefeuille ou l’Eleagnus au lieu des thuyas ou en laissant pousser les tilleuls ou les trèfles blancs dans la pelouse. De plus, il est important de favoriser les apiculteurs locaux, qui rencontrent parfois des difficultés à écouler leurs stocks. En achetant la production des apiculteurs du CANIF, vous les soutenez et les encouragez à développer et maintenir leur activité.

* Introgression : en génétique, hybridation par introduction de caractéristiques héréditaires d’une espèce dans le génome (matériel génétique) d’une autre espèce (définition de l’Encycopædia Universalis). 

Le bureau du CANIF :
Président : Sébastien Grangeon
Vice-président : Philippe Ruchart
Trésorier : Jean-Maurice L’Hôtellier
Secrétaire : Anaïs Pleuvry

Site Internet : https://canif.org/ 

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